En Géorgie, des dizaines de milliers de manifestants de nouveau dans la rue

Par La Provence (avec AFP)

Manifestation le projet de loi controversé sur l'"influence étrangère", le 1er mai 2024 à Tbilissi, en Géorgie

Manifestation le projet de loi controversé sur l'"influence étrangère", le 1er mai 2024 à Tbilissi, en Géorgie.

PHOTO AFP / Vano SHLAMOV

Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue ce jeudi 2 mai dans la soirée en Géorgie pour protester une nouvelle fois contre le projet de loi controversé sur l'"influence étrangère" voulu par le gouvernement, a constaté un journaliste de l'AFP.

La contestation se poursuit et ne semble pas faiblir. Contrairement aux jours précédents, le rassemblement a lieu en deux endroits différents : devant le Parlement, lieu traditionnel pour les manifestations, et sur la place des Héros, où trône un monument en mémoire des soldats géorgiens morts au combat.

Les manifestants ont bloqué la route menant à cette place et la police a arrêté plusieurs d'entre eux et fait usage de gaz poivré, comme la veille. En signe de solidarité avec les personnes interpellées, les manifestants se trouvant devant le Parlement ont défilé vers la place des Héros. Les protestataires ont scandé "Non à la Russie!" et affiché des pancartes avec les visages des députés du parti au pouvoir du Rêve géorgien, qualifiés de "traîtres".

Un projet de loi qui "fait le jeu de la Russie"

Ce projet de loi, adopté mercredi en deuxième lecture, est inspiré d'une législation russe utilisée depuis des années par le Kremlin pour persécuter les voix dissidentes. Les détracteurs du texte, critiqué par l'Union européenne et les Etats-Unis, considèrent que ce projet de loi entravera les ambitions de cette ex-république soviétique d'intégrer l'UE. Ils accusent le Rêve géorgien de faire le jeu de la Russie.

"Nous sommes tous ensemble pour montrer aux marionnettes du Kremlin que nous n'accepterons pas le gouvernement qui va à l'encontre de la volonté du peuple géorgien", a déclaré à l'AFP l'un des manifestants, Guiorgui Loladzé, 27 ans, originaire de Koutaïssi, la troisième ville de Géorgie. Les jours précédents, des dizaines de milliers de manifestants s'étaient déjà rassemblés devant le Parlement pour protester. Mardi, la police avait dispersé la foule à coup de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc et procédé à une soixantaine d'arrestations.

Si cette loi est adoptée, elle exigera que toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20% de son financement de l'étranger s'enregistre en tant qu'"organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère". Le gouvernement assure pour sa part que cette mesure est destinée à obliger les organisations à faire preuve de davantage de "transparence" sur leurs financements. Une première version du texte avait été abandonnée l'année dernière après des manifestations de rue d'ampleur.