Européennes : le discours de Macron à la Sorbonne décompté comme du temps de parole

Par La Provence (avec AFP)

Se gardant d'attaquer ses adversaires politiques nationaux, hier à la Sorbonne, Emmanuel Macron a opté
pour un discours supranational, mais truffé de messages.

L'autorité indépendante observe également que ce discours, de près de deux heures, a été prononcé "alors que la campagne électorale est pleinement engagée".

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Le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne jeudi dernier doit être décompté dans son "intégralité" comme temps de parole pour son camp dans le cadre de la campagne des élections européennes, a tranché le régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom, ce jeudi 2 mai.

L'Arcom a finalement donné raison aux oppositions. "Si les propos du président de la République n'exprimaient pas un soutien explicite à la liste conduite par Mme Valérie Hayer, ils présentaient néanmoins, dans leur intégralité, un lien direct avec l'élection", a considéré l'Arcom, dans un courrier à LR consulté par l'AFP. Le régulateur souligne notamment que ces propos, "contribuant à dresser un bilan de l'action passée et exposant les éléments d'un programme, pouvaient avoir une incidence sur le scrutin" du 9 juin.

L'autorité indépendante observe également que ce discours, de près de deux heures, a été prononcé "alors que la campagne électorale est pleinement engagée". Les différentes antennes ayant retransmis le discours vont donc devoir en tenir compte, en équilibrant les temps de parole des autres camps politiques. Eric Ciotti, patron de LR, s'est félicité sur X que "grâce aux Républicains, la manipulation politicienne (soit) démasquée".

Principe d'équité

Son parti avait écrit la semaine dernière au régulateur afin que l'intégralité de ce discours, qu'ils qualifient "d'opération de propagande électorale", soit décompté "du temps de parole de la liste" Renaissance. LFI avait fait de même, a rappelé sa tête de liste Manon Aubry, également sur X. Le patron du PS Olivier Faure avait aussi annoncé son intention de solliciter l'Arcom, évoquant "un sujet d'iniquité entre les candidatures".

Les chaînes de télévision elles-mêmes s'étaient interrogées et certaines avaient questionné le régulateur. Le chef de l'Etat était revenu sur le sujet devant des journalistes à Strasbourg vendredi: "C'était une parole de président de la République hier. Après, les règles sont définies par d'autres et c'est très bien et en indépendance". "Mais je pense qu'il ne faut pas être hypocrite sur le sujet. Il faut assumer la politique qu'on a conduite, le rôle que la France a mené ces dernières années et le fait que j'aie mis l'Europe au cœur aussi du projet qui est le nôtre", avait-il ajouté. Depuis le 15 avril, et comme avant chaque élection, télés et radios sont tenues de respecter un principe d'équité dans le traitement des forces politiques.


L'Arcom n'avait pas donné de consigne particulière pour ce discours. Les règles prévoient que les interventions du président de la République qui "relèvent du débat politique lié aux élections, notamment celles qui comportent l'expression d'un soutien envers un candidat ou une liste de candidats, un parti ou groupement politique, fassent l'objet d'un relevé distinct" par les antennes, par rapport à ses autres interventions sans lien avec l'élection. Les antennes "en tiennent compte en veillant à ce que les autres candidats, listes, partis ou groupements politiques bénéficient, en contrepartie, d'un accès équitable à l'antenne".

Dans l'actualité des élections européennes, la majorité macroniste a en outre annoncé qu'elle dévoilera samedi matin une partie de sa liste pour les européennes, à trois jours d'un meeting national mardi à la Mutualité, a-t-on appris ce jeudi 2 mai auprès de l'équipe de campagne. La coalition présidentielle, qui avait initialement prévu de dévoiler les premiers colistiers de Valérie Hayer vendredi, s'est donnée un jour supplémentaire et annoncera "une trentaine" de noms à l'occasion d'un séminaire samedi matin au siège du parti Renaissance, selon la même source.