À Avignon, Force ouvrière et la CFDT boudent le défilé du 1er-Mai

Par F.B.

Quatre cents personnes ont défilé dans les rues de la cité des papes ce 1er mai.

Quatre cents personnes ont défilé dans les rues de la cité des papes ce 1er mai.

Photo F.B.

Avignon

Un an après le combat contre la réforme des retraites, la mobilisation syndicale a peiné à rassembler ce mercredi, dans la cité des papes. FO et la CFDT avaient choisi de faire bande à part en cette journée de la Fête du travail.

L’intersyndicale avait donné rendez-vous, ce mercredi, à 10 h devant la cité administrative d’Avignon, cours Jaurès. L’affluence massive du 1er mai 2023 semblait loin, avec ces milliers de manifestants mobilisés alors contre la réforme des retraites. En ce mercredi 1er mai 2024, ils étaient 400 environ à avoir bravé les nuages menaçants et les fines gouttes de pluie, à l’appel de la CGT, de la FSU, de l’Unsa et de Solidaires. FO et la CFDT avaient, eux, décidé de célébrer la Fête du travail de leur côté.

"Au service des plus riches"

Dans le cortège, des drapeaux du PCF côtoyaient ceux de la France insoumise et du NPA. "Être tous ensemble c’est une obligation tous les 1er mai selon moi", vitupérait Jean-Paul, 70 ans, qui dit n’avoir pas raté une manifestation importante depuis 40 ans à Avignon. Au cœur des enjeux de cette manifestation-là, "la casse sociale du gouvernement" mais aussi des sujets d’actualité : Sciences-Po occupée par des militants pro-palestiniens, avec intervention de la police, ou la guerre en Ukraine. Clin d’œil du monde capitaliste, une publicité ornait, pure coïncidence, le cours Jaurès en face du théâtre Au Palace (ex-Le Palace). On y lisait un slogan que d’aucun aurait pu reprendre à son compte : "La rue, le meilleur endroit pour s’exprimer."

Frédéric Laurent est le secrétaire général de la CGT en Vaucluse : "Les travailleuses et les travailleurs sont sous la menace d’un nouveau plan d’austérité. Le gouvernement annonce des milliards d’économies sur les politiques sociales, les services publics et la transition écologique." Et de fustiger "la politique au service des plus riches à grand coût d’exonérations de cotisations sociales. M. Macron, nous n’entendons pas vous laisser les mains libres pour poursuivre la destruction du monde du travail ". 

Après avoir écouté, dans le cortège, les sons de Manu Chao et autre Bella Ciao, ces manifestants refusent de se laisser ensevelir sous un trop chaud Tchao pantin.

À cause de divergences, Force ouvrière s’abstient de défiler

Ce n’est pas la première fois que FO se met en retrait d’une manifestation. Ce mercredi matin, les membres du syndicat sont ainsi restés à leur siège de l’avenue Monclar. Dans les débats actuels portant sur les élections européennes, c’est le positionnement clair contre les idées d’extrême droite de la part des autres syndicats qui a créé cette dissension. "Notre priorité c’est de combattre la politique actuelle qui favorise justement l’émergence de l’extrême droite, précise Étienne Raoul, secrétaire général fraîchement élu. Mais il n’y a aucune animosité entre nous."

Pas de manifestation donc pour FO mais un engagement idéologique toujours très marqué. En faveur des travailleurs et de l’outil syndical, "l’objet depuis 15 ans des attaques combinées du patronat et des gouvernements qui se succèdent". "L’affaire des 17 ouvriers agricoles marocains de Malemort-du-Comtat illustre à quel degré l’exploitation de salariés peut s’exercer, au point que leurs patrons ont été mis en examen pour ’traite d’êtres humains, conditions de travail et d’hébergement indignes et exécution de travail dissimulé’".

Dans son plaidoyer, le syndicat attaque pêle-mêle "les régressions que commande la finance, les attaques du Code du travail, les atteintes au droit syndical, les fermetures fréquentes des urgences, l’enseignement public délabré par les contre-réformes, l’économie de guerre".

FO appelle également à "un cessez-le-feu pour que s’arrêtent les conflits". "Rien ne nous fera renoncer à notre exigence : ’pain, paix, liberté’."

Top 10 des slogans dans le cortège à Avignon

Efficace : "Les actionnaires vivent du travail des autres"

Énigmatique : "On ne veut plus élire on veut voter"

Junior : "Macron c’est mon école, pas la tienne" (pancarte tenue par un enfant)

Coup de poing : "Le fascisme c’est comme la gangrène"

Dans l’actu : "Avec Sciences Po et tous les réprimés"

Case prison : "Ni béton ni maton"

Anti-Esprit Pierre de Coubertin : "Lutter pour gagner"

Documenté : "80 à 100 milliards d’évasion fiscale"

Culpabilisant : "Il y a dans l’air un goût de haine. Les racistes votent. Et vous?"

Synthétique : "Ni dépendance à la finance ni poison de l’extrême droite"