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Aix-Marseille Université : le doyen de pharmacie veut soigner une filière mal connue

Le Pr Jean-Paul Borg est devenu le nouveau doyen de la faculté de pharmacie en février dernier.

Le Pr Jean-Paul Borg est devenu le nouveau doyen de la faculté de pharmacie en février dernier.

Photo DR

Jean-Paul Borg entend valoriser l'ensemble des métiers que recouvre ce domaine de la santé

Succédant au Pr Françoise Dignat-George en poste depuis 10 ans, Jean-Paul Borg est, depuis février, le nouveau doyen de la faculté de pharmacie de Marseille, composante d'Aix-Marseille Université. Une maison qu'il connaît bien pour y avoir fait ses armes. Directeur-chercheur à l'Inserm avant de rejoindre le corps professoral en 2007, ce pharmacien biologiste de formation cumule également le poste de directeur de recherche à l'Institut Paoli-Calmettes. Depuis sa nomination, il assure que son projet s'inscrit dans la continuité de la politique menée par la faculté avec une priorité : redonner aux jeunes l'envie de se lancer dans un secteur de la santé qui attire de moins en moins et les accompagner vers la réussite. Rencontre.

À la rentrée 2022, 1 100 places étaient disponibles au sein des 24 facultés de pharmacie, pour accueillir en deuxième année les futurs docteurs en pharmacie. C'est près de sept fois plus qu'en 2021. Qu'en est-il pour la composante de Marseille ?

Effectivement. À titre indicatif, à la faculté de Bordeaux, la moitié des places n'ont pas été prises. Celles de Caen et Reims ont été logées à la même enseigne. À Marseille, nous avons été moins pénalisés qu'ailleurs avec seulement 25 places libres. Au niveau national, l'alerte est rouge. Cela devient un vrai problème de santé publique auquel on va devoir faire face. Pour information, il manque actuellement 15 000 pharmaciens diplômés toutes filières confondues. D'ici 6 ans, si cette désaffection se poursuit, on sera loin de remédier au déficit des pharmaciens qui ont vu, depuis la pandémie, de nouvelles missions s'ajouter.

À quoi peut-on attribuer ce désintérêt ?

Jean-Paul Borg : On peut faire de très belles carrières en pharmacie mais encore faut-il le savoir ? Il semble que la perception du métier se résume à l'officine. C'est loin d'être le cas. Cette filière pharmaceutique ouvre sur des carrières assez diverses. Industrie, officine, recherche, hôpital... Pour les futurs étudiants, c'est une belle surprise que de découvrir l'éventail de métiers. Cependant, le manque d'informations n'explique pas à lui seul la seule baisse d'attractivité de la filière. Il nous reste encore beaucoup de travail à fournir pour permettre au secteur de sortir des clichés.

Que proposez-vous ?

Pour soigner le déficit de communication sur cette profession, il faut être capable de parler très tôt aux jeunes. Nous menons déjà des actions au sein des lycées. Il faut aller plus loin. Un de nos projets est de cibler les collégiens. On aimerait envoyer nos étudiants dans les collèges pour populariser précocement ce qu'offre un diplôme de pharmacien. J'en ai discuté avec Bernard Beignier, le recteur de la région académique. Il s'est dit très intéressé par cette initiative.

Parcoursup est de plus en plus mis en cause pour expliquer cette situation. Certains demandent un retour en arrière avec un accès direct via la plateforme d'inscription aux études supérieures. Qu'en est-il réellement ?

En effet. Après le manque de visibilité, Parcoursup impacte l'entrée dans cette filière. La Conférence des doyens de pharmacie a envoyé une lettre au ministère de l'Enseignement supérieur pour évoquer cette problématique. Dans ce courrier, elle manifeste un besoin de clarté pour les lycéens qui s'inscrivent sur Parcoursup. On ne souhaite pas démembrer la réforme. L'idée est un accès direct en pharmacie tout en conservant un accès parallèle, en deuxième année d'études de pharmacie, après un PASS, une L.AS, voire après une prépa scientifique. Pour éviter cette pénurie d'étudiants, on peut évoquer aussi des doubles leviers avec des passerelles entre les formations. C'est ce que l'on propose déjà avec le DEUST (diplôme d'études universitaires scientifiques et techniques) de préparateur en pharmacie. Il y a un vivier d'étudiants qui après la licence pourraient candidater en 2e année de pharmacie et remplir certaines places.

Quels sont les autres projets portés par la faculté ?

Un des grands enjeux est la réussite des étudiants. Pour cela je viens de créer un nouveau poste celui de vice-doyen en charge de la vie étudiante pour traiter du bien-être et des parcours. C'était dans ma profession de foi. De même, l'accompagnement des étudiants dès le passage en deuxième année, dans leur parcours va se poursuivre si ce n²'est se renforcer. C'est le POP acronyme de Projet d'Orientation Professionnel. Ce dispositif affecte à chaque étudiant un tuteur qui lui permet de faire le point et de conduire l'étudiant en l'incitant à rencontrer différents interlocuteurs pour se construire son projet professionnel et choisir la bonne direction en 4e année. Parmi les autres missions, l'innovation pédagogique. Comment être capable de mieux permettre la réussite de nos étudiants une fois passés dans le monde professionnel.

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