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Mathilde Panot et Rima Hassan entendues par la police pour "apologie du terrorisme"

Par La Provence (avec AFP)

La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot (droite, en bleu), la tête de liste de LFI aux européennes Manon Aubry (blazer blanc), le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon (centre), la candidate Rima Hassan (veste noir et blanc) et le...

La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot (droite, en bleu) et la candidate Rima Hassan (veste noir et blanc).

PHOTO AFP / Bertrand GUAY

Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan sont entendues ce mardi 30 avril par la police dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme" après des propos liés à la guerre à Gaza, des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise qui appelle à un rassemblement de soutien.

Mathilde Panot, cheffe de file des députés Insoumis et Rima Hassan, 7e sur la liste Insoumise pour les élections européennes font face aux enquêteurs, ce mardi 30 avril. En réponse, plusieurs centaines de personnes s'étaient regroupées dès 8h30 dans le nord-ouest de la capitale, près du siège de la police judiciaire de Paris où les deux femmes sont convoqués.

Une convocation qui atteste d'une "fuite en avant sans précédent", a dénoncé Mathilde Panot lors d'une courte prise de parole. "Dans quelle démocratie les méthodes de l'antiterrorisme sont-elles utilisées contre des militants politiques, des militants associatifs ou des syndicalistes?", a-t-elle lancé, devant ses partisans qui scandaient "résistance".

Un communiqué et une interview en cause

La cheffe des députés LFI va être entendue sur un communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre, le jour où le Hamas a mené une attaque sans précédent contre Israël. Ce texte avait suscité la polémique car il mettait notamment en parallèle l'attaque du mouvement islamiste, décrite comme "une offensive armée de forces palestiniennes", et "l'intensification de la politique d'occupation israélienne" dans les territoires palestiniens.

La militante franco-palestinienne Rima Hassan, est, elle, convoquée pour des propos tenus entre le 5 novembre et le 1er décembre. Rima Hassan, juriste de 32 ans, a été notamment critiquée pour avoir dit, dans une interview accordée fin novembre au média Le Crayon, qu'il était "vrai" que le Hamas mène une action légitime.

L'intéressée dénonce un montage trompeur de sa réponse. Dans un communiqué commun publié avec elle lundi soir, Le Crayon indique avoir remis "l'intégralité de cet entretien" à la candidate "afin qu'elle puisse s'en prévaloir dans le cadre exclusif des actions judiciaires qu'elle aura à mener".

Plainte contre Mélenchon

Les Insoumis, qui qualifient de "génocide" la situation à Gaza et ont fait de la défense de la cause palestinienne le grand axe de leur campagne, dénoncent une "dérive autoritaire" et une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix pro-palestiniennes. Dans leur viseur également, la double annulation il y a une dizaine de jours d'une conférence que Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon devaient donner à Lille sur la situation au Proche-Orient.

Ils fustigent aussi la plainte pour "injure publique" annoncée par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau contre Jean-Luc Mélenchon, qui avait dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le nazi Adolf Eichmann après l'annulation de sa conférence. Et la condamnation d'un responsable de la CGT à un an de prison avec sursis, encore pour "apologie du terrorisme", pour des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens.

"Recours abusifs"

Rima Hassan a déploré lundi "une criminalisation des voix qui s'expriment sur la question palestinienne", tout en reconnaissant que "les enquêteurs font simplement leur travail" après les "recours abusifs" d'organisations pro-israéliennes. "Les convocations judiciaires sont à l'initiative de l'Organisation juive européenne" (OJE), avait assuré la semaine dernière le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.

Comme plusieurs représentants du mouvement, Mathilde Panot a bien fait l'objet d'une plainte de l'OJE concernant des propos tenus après l'attaque du 7 octobre. Dans une tribune, plusieurs personnalités, comme le rappeur Médine, et des députés comme Philippe Brun (PS) ou l'écologiste Sandrine Rousseau ont appelé au rassemblement de mardi.

Les plaintes pour "apologie du terrorisme" explosent

Depuis le 7 octobre, le nombre de signalements et plaintes pour "apologie du terrorisme" a explosé : au parquet de Paris, qui gère la majorité de ces affaires, on compte 386 saisines à ce jour en lien avec ce conflit. A titre de comparaison, pour l'année 2022, le pôle haine en ligne avait été saisi 500 fois, toutes affaires confondues.

Sur le sujet "très sensible" de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien, objet de polémiques à répétition en France, une enquête est quasiment systématiquement ouverte, et les personnes visées auditionnées par la police, explique à l'AFP une source judiciaire. Elle insiste sur le fait qu'une convocation ne présume en rien de la culpabilité.