A Marseille, les habitants des Marronniers mobilisés contre l'installation d’un point de deal dans leur immeuble

Les habitants des Marronniers

Les habitants des Marronniers ont condamné l’accès au sous-bois qui allait servir au trafic.

Photo Valérie Vrel

Alertés que des dealers délogés de la cité Saint-Loup comptaient ouvrir un nouveau point de deal au pied d’un des bâtiments de la résidence des Marronniers, les habitants ont prévenu la police et condamné l’accès au sous-bois qui allait servir au trafic.

Lorsqu’ils ont découvert jeudi 28 mars dans la soirée, le message et la vidéo annonçant pour l’un l’ouverture imminente d’un point de deal au pied d’un des bâtiments de leur résidence, pour l’autre l’itinéraire à suivre pour se rendre à ce nouveau shit drive, le sang des habitants des Marronniers n’a fait qu’un tour. La copropriété a aussitôt sonné le tocsin, alertant la police et les élus.

Dans le message posté sur les réseaux sociaux, le "chargé de communication" d’une équipe baptisée "Team Rasspountchas", annonçait triomphalement "déplacer le charbon" pour satisfaire sa clientèle fort marrie de ne plus pouvoir s’approvisionner à Château Saint-Loup en raison de récentes opérations policières (une opération "Place nette XXL" s’y est déroulée dimanche 24 mars dernier, ndlr) et lui donnait rendez-vous dès midi ce vendredi 29 mars devant le bâtiment 24 de la résidence des Marronniers. Le rabatteur concluait son message en promettant un service drive de qualité et ne lésinant pas sur l’amplitude horaire : "de midi à minuit. Nous allons tout remettre en place. La Rasspountchas va rouvrir ses portes, en beaucoup mieux".

Les habitants font reculer les dealers

Mais à midi ce vendredi, dans le sous-bois (propriété de l’hypermarché Auchan) qui jouxte leurs logements, une petite vingtaine de résidents du bâtiment 24, accompagnés du maire de secteur et député Lionel Royer-Perreaut, attendaient de pied ferme dealer et acheteurs.

Equipés de bombes de peinture noire, les habitants ont recouvert les troncs des micocouliers sur lesquels les dealers avaient d’ores et déjà indiqué les prix des produits stupéfiants et tracé des flèches indiquant l’itinéraire à suivre pour atteindre le point de deal. Des habitants déterminés, se demandant non sans inquiétude ni un soupçon de malice si la Team Rasspoutnchas allait maintenant se fendre d’un communiqué s’excusant auprès de ses clients pour la gêne occasionnée en raison d’un événement indépendant de sa volonté...

La réaction des Rasspountchas n’a d’ailleurs pas tardé, puisque moins d’une heure plus tard, le rabatteur postait un nouveau message regrettant de n’avoir pu ouvrir comme prévu. "C’est le signe que le pilonnage désorganise le trafic. Pour avoir vécu son implantation sur Château Saint-Loup, je sais qu’il faut se mobiliser très vite et tous ensemble : la police bien sûr, mais aussi les élus et les habitants. Je me suis entretenu avec le préfet de police Pierre-Edouard Colliex ce matin. Il est très attentif à la situation".

Un endroit "stratégique"

Une vigilance d’autant plus grande que la résidence des Marronniers et son sous-bois sont longés par la voie douce qui fait la liaison entre deux lycées (le lycée Ampère et le lycée Jean-Perrin qui est le plus gros établissement scolaire du secondaire de la Région Sud-PACA. "L’endroit est stratégique. Beaucoup de jeunes passent par là. Cela représente donc un écosystème captif très intéressant pour les dealers", observe le député-maire.

En attendant, si le point de deal a été tué dans l’œuf par les habitants eux-mêmes, tandis que la police patrouillait non loin, "ce sont les mères de famille qui viennent avec leurs enfants et leurs poussettes, les gens qui promènent leur chien et ceux qui vont faire leurs courses à Auchan qui sont pénalisés" s’indignait un habitant ce midi, quelques minutes avant qu’un des gardiens de la résidence, équipé d’un gros cadenas et d’une lourde chaîne, ne condamne dans un bruyant cliquetis, le portillon qui donne accès au sous-bois.